UN NOM QUI FAIT DÉBAT
Nous avons traversé en Macédoine du Nord dans le cadre d’un plus long voyage : une marche à travers l’Europe via 16 pays. Entre 2018 et 2020, nous avons marché 10000 km du Portugal jusqu’en Turquie pendant deux ans. C’est le projet Deux Pas Vers l’Autre. Découvrez l’ensemble du projet ici.
Après un an et demi sur la route, nous voilà en Macédoine !
Notre itinéraire en Macédoine a été très “occidental” puisque du Kosovo, nous avons passé la frontière près de Skopje et nous avons quitté le pays sur les rives du lac d’Ohrid, au sud-ouest du pays, pour retourner en Albanie.
On a l’impression d’avoir eu une vision un peu biaisée de la Macédoine puisque nous avons traversé une zone très frontalière avec l’Albanie où vivent beaucoup d’Albanais.
En plus du peuple macédonien slave et orthodoxe, le pays compte d'importantes minorités albanaise, turque et rom.
Infos clés de notre randonnée en Macédoine du Nord
- Pays : Macédoine du Nord
- Type d’itinéraire : Ligne droite
- Difficulté : Facile
- Langue : Macédonien
- Période : Printemps - Mai
- Durée : 1 mois
- Distance : 320km
- Point de départ : Gornjane, frontière kosovare
- Point d’arrivée : Saint-Naum, frontière albanaise
- Dénivelé positif : 9070 m
- Dénivelé négatif : 9090 m
- Equipement : la liste de notre matériel
- Trace GPX : Découvrir l’itinéraire et télécharger la trace GPX
Trace GPX : Des Monts Sars au Sud d'Orhid
Randonnée et aventure en Macédoine du Nord
Etat des sentiers et culture de la marche en Macédoine
Comme dans la majeure partie des Balkans, marcher n’est pas franchement à la mode en Macédoine.
La marche est plutôt vue comme une nécessité par ceux qui ne peuvent pas faire autrement.
En conséquence, on voit assez peu de sentiers de randonnée sur les cartes, sauf dans certains coins bien particuliers comme les parcs nationaux.
Dans les faits, il existe plus de sentiers que ceux qui sont cartographiés, tout simplement parce que dans les campagnes et les montagnes, ils sont utilisés par les locaux pour se déplacer.
Comme partout, tout cela est en train de changer, la Macédoine développe son offre touristique et le tourisme de nature en fait clairement partie.
Notre expérience du bivouac en Macédoine
Pour la seconde fois, Jesse nous a rejoint des Pays-Bas.
Rien de très comparable en Macédoine avec les Alpes italiennes que nous avions explorées ensemble en août 2018 mais c’était top de partager de nouveaux aspects de notre aventure avec lui. Notre itinéraire ensemble de Skopje jusqu’au lac d’Ohrid nous a mené plus souvent à la rencontre des gens, même si pour nous, le macédonien est moins propice aux échanges que l’italien.
Nous n’avons malheureusement pas été invités à dormir chez l’habitant, en fait la seule fois où cela s’est produit, notre campement était déjà installé. Mais avec Jesse, nous avons fait nos plus beaux bivouacs de Macédoine !
D'ailleurs, il vous raconte lui-même son expérience dans un article.
Territoires et nature en Macédoine du Nord
Skopje
Skopje nous a surpris. Nous n’avons fait que l’apercevoir et n’avons pas vraiment pris le temps de l’explorer réellement mais en comparaison avec les autres capitales d’ex-Yougoslavie, elle nous a fait l’impression d’une ville moderne et développée. Quitte à vivre en ville, c’est probablement une grande ville plutôt agréable, d’autant que la nature se trouve accessible tout autour.
Le canyon de Matka
Après avoir récupéré Jesse à Skopje, nous avons filé vers le canyon de Matka. A à peine 15 km du centre-ville, la terre s’ouvre sur ce canyon luxuriant.
Pour notre première nuit, nous avons campé sur les hauteurs parmi les ruines d’une église.
En cette période de Ramadan, le muezzin résonnait plus que d’habitude et, à la nuit tombée, les tambours ont animé tous les environs.
Le parc national Mavrovo
Si vous avez déjà envisagé de visiter la Macédoine, vous avez forcément entendu parler du parc national Mavrovo, le plus grand du pays.
Nous avons été plutôt déçus de constater qu’une station de ski défigurait le parc et que, comme dans le reste du pays, les déchets envahissaient la nature.
Le jour où nous sommes arrivés au bord du lac de Mavrovo, nous sortions de cette décharge infernale et ne rêvions que d’une chose : se baigner pour nettoyer tous ces trucs collants dans lesquels on s’était empêtrés.
Quelle déception de ne trouver qu’une retenue d’eau boueuse où flottaient… des ordures ! On est resté sales quelques heures de plus jusqu’à trouver une bonne douche.
Le lac d’Ohrid
Heureusement, le lac d’Ohrid était là pour nous réconcilier avec une Macédoine qui aurait pu nous laisser quasiment indifférents.
C’est vrai, nous n’avons pas fait de rencontres réellement marquantes, les paysages ne nous ont pas époustouflés et pour couronner le tout, le climat n’a pas été extrêmement clément avec nous, nous avons eu pas mal de pluie.
Le lac d’Ohrid, le plus vieux lac d'Europe ainsi que l'un des plus profonds est à cheval entre la Macédoine et l’Albanie et c’est là que nous devions passer la frontière pour retourner en Albanie. C’est aussi là que nous avons quitté Jesse après une semaine passée ensemble.
Le lac a été classé au Patrimoine mondial de l'humanité pour son caractère naturel exceptionnel, en effet ses eaux cristallines hébergent une faune et une flore rares. Nous avons passé quelques jours dans la ville d’Ohrid sur la rive du lac.
Avec ses petites plages et ses monastères byzantins, c’est la capitale touristique du pays.
Nous avons longé le lac jusqu’à atteindre la frontière albanaise, des journées bien chaudes mais le lac nous accueillait toujours pour une baignade en fin de journée.
La faune en Macédoine
Sur un plateau, nous trouvons l’endroit idéal pour monter le camp.
A peine les tentes montées, un grand troupeau de brebis avance dans notre direction. Il redescend au village un peu plus bas. Bientôt, huit chiens nous encerclent calmement. Ils portent ces colliers de pics, supposés les protéger des attaques de loups.
On est encore loin des Kangals, les bergers d'Anatolie, qu'on rencontrera en Turquie, mais ce sont des molosses quand même. Ils ne sont pas agressifs mais à huit contre trois, ils n’ont pas besoin de nous faire de démonstration de force. Nil attrape un bâton, leur attitude change et se fait plus menaçante.
Ce ne sont pas des chiens errants, ce sont des chiens de berger, dressés pour défendre le troupeau, dressés pour tuer, des loups par exemple mais tout ce qui menace les brebis de manière générale. Il faut réagir vite.
Et bien.
Nous misons sur le fait qu'ils sont bien dressés et ne sont pas juste des bêtes assoiffées de sang. Nous entrons tous les trois dans la tente et attendons. Les chiens se couchent en cercle autour de la tente. Quelques minutes plus tard, le berger arrive et nous délivre !
Une belle frayeur et un avertissement : il parait que ce sera pire en Grèce…
Environnement
En Macédoine, comme dans de nombreux pays des Balkans, la gestion (ou non gestion) des déchets nous a déprimés. Des décharges à ciel ouvert, sauvages ou organisées, dans des endroits somptueux, on a eu du mal à rester indifférents.
Une fois en particulier, on s’est sentis franchement idiots de trimballer nos sacs 1KG FOR THE PLANET pleins depuis deux jours.
Sur la carte et les images satellite, on pensait que notre itinéraire allait nous faire traverser une carrière de pierres (Nil adore les carrières, vous le saviez ?).
Pas de carrière mais une immense décharge, plutôt organisée : le plastique par là, le textile par ici…
Après avoir échappé à quelques dizaines de chiens errants, c’est dans le secteur des matériaux de construction que Nil s’est retrouvé à patauger en sandales dans un liquide non identifié et que je me suis enfoncée jusqu’à mi-mollets dans un mélange qui ressemblait vaguement à du plâtre et qui est entré dans mes chaussures par le haut.
Une expérience dont on se serait bien passé et qui nous a remis sous le nez la catastrophe annoncée qui nous attend, nous et notre planète.
La flore en Macédoine
Si on dit qu’il existe dans l’univers des couleurs que nous n’avons jamais vu… C’est forcément difficile à croire. Tomber nez-à-nez avec une Phelypaea Boissieri fait un peu le même effet. L’intensité de son rouge paraît surnaturelle. Cette plante n’a pas besoin de feuilles, ni même de la photosynthèse. C’est un parasite qui se greffe sur les racines d’une autre plante. A côté de cette étrange fleur, les coquelicots paraissent palots. Cette espèce endémique des Balkans est rare et peut être trouvée à la bonne saison sur les hauteurs des lacs d'Ohrid et de Prespa.
Rencontre avec les macédoniens
Malheureusement, nous n’avons fait que peu de rencontres en Macédoine. Évidemment, la langue n’a pas aidé, mais de ce côté-là, on en a vu d’autres. Globalement, les gens étaient toujours sympas, mais de loin. Ils nous saluaient, échangeaient parfois quelques mots mais n’exprimaient aucun souhait de pousser la rencontre plus loin.
Culture en Macédoine du Nord
Depuis quelques années maintenant, il faut appeler le pays République de Macédoine du Nord (ou Macédoine du Nord pour les intimes).
Auparavant, vous trouviez le pays sous le nom d’ARYM pour Ancienne République Yougoslave de Macédoine.
Si le changement se fait pour un nom un peu plus sympa, il met surtout un terme à un conflit qui l’opposait à la Grèce depuis 1991 et derrière cette information a priori anecdotique se cache la possibilité, à terme, d'adhérer à l'Union européenne et à l’OTAN.
Est-ce qu’on marcherait 500 km de plus ici ?
On n’est pas déchaînés, non. Si on revenait, on essayerait de découvrir une autre partie du pays, comme pour lui laisser une dernière chance de nous séduire.
Nous voilà à la frontière, très excités de retrouver l’Albanie.
Anecdotes de notre randonnée en Macédoine du Nord
Loose fact
Obligés de changer d’itinéraire quand notre sentier est coupé par un élevage de gibier pour la chasse
Dirty fact
Nil enfoncé jusqu’aux mollets dans un liquide non identifié d’une décharge à ciel ouvert.
Préparation et organisation pour randonner en Macédoine du Nord
Quand y aller ?
La Macédoine peut être découvert en randonnée toute l’année.
Au mois de mai nous avons beaucoup de pluie, mais ça dépend évidemment des années. La température était plutôt idéale pour marcher. J’imagine qu’il peut faire très très chaud en été.
Où dormir ?
Nous avons essentiellement dormi sous la tente, sauf dans la ville d’Ohrid où nous sommes restés quelques jours et où nous avions loué une petite chambre.
Quel matériel ?
Pour cette traversée de la Macédoine en randonnée, nous sommes partis avec des vêtements d’été, du matériel de randonnée et de bivouac et sans équipement de montagne.
Retrouvez ici la liste détaillée de notre matériel, article par article.
Le bivouac est-il autorisé en Macédoine ?
Le bivouac est officiellement interdit en Macédoine, vraisemblablement surtout pour encourager l’économie du tourisme.
Y a-t-il des espaces protégés
L’itinéraire de notre randonnée en Macédoine du Nord passe par plusieurs zones protégées :
- Espace naturel protégé du canyon de Matka
- Parc national de Mavrovo
- Parc national de Galitchitsa
Les chiens sont-ils autorisés ?
Cette traversée de la Macédoine en randonnée peut être réalisée avec un chien. Attention aux chiens de bergers mais sinon, aucun souci.