Pour certains, randonner en sandales tient de l’hérésie, voire du masochisme ou de l’inconscience.
Pour d’autres, comme moi, c’est devenu une sorte d'évidence.
J’avais déjà essayé pas mal de sandales, notamment des Teva sans que cela devienne vraiment une arme de prédilection. Ma rencontre avec les Cairn PRO II a changé beaucoup de choses. Notamment grâce à leurs semelles en Vibram Megagrip qui offre à mon sens la meilleure accroche du marché.
Parmi les réfractaires de la sandale, on retrouve souvent le même argument : l’absence de protection du pied.
C’est sans doute un peu vrai. Les sandales protègent moins des branches, ronces, potentielles chutes de pierre… Pourtant, ces “petits” dangers ne sont pas aussi fréquents et handicapants que la terrible torsion de cheville et sur ce point, les Cairn PRO II sont certainement bien plus sûres que beaucoup d’autres chaussures de randonnée.
Pourquoi ?
La première raison est certainement liée à sa semelle fine qui garde le pied proche du sol et à son adhérence parfaite.
La deuxième, est liée à la vulnérabilité du pied et au ressenti accru. Quand on porte des sandales, on est conscient de ses pieds et des dangers qui les guettent. Cette conscience permet une attention toute particulière qui amène à poser le pied différemment, sans doute plus naturellement.
D’abord en termes de terrain. A part pour l'alpinisme, les sentiers équipés de via-ferrata ou des passages avec un peu d’escalade, elles font à peu près tout.
Mais aussi en termes de saison. En automne et en hiver, il m’est arrivé de les porter avec de grosses chaussettes en mérinos et de me sentir très bien.
Elles sont imbattables en ce qui concerne le temps de séchage, ce qui permet de ne jamais se soucier des traversées de rivières, des passages dans l’eau de mer, ni même des bains de boue.
Peut-on courir avec ? Je pense que plus vous passerez de temps dans vos sandales et plus vous vous rendrez compte de ce qu’elles vous laisseront la possibilité de faire. L’habitude est capitale.
Soyons clairs, vous ne courrez sûrement jamais aussi vite qu’avec les dernières Pegasus et leurs plaques carbone, mais vous aurez des sensations et c’est certainement la première chose que recherchent les amateurs de sandales de marche. Cette sensation de faire corps avec votre marche, de laisser vos pieds comprendre le sol, le dompter, enfin… s’y adapter.
Une des choses sur lesquelles la Cairn II PRO est hallucinante, c’est sa traction. Alors est-elle plus forte que d’autres chaussures en Megagrip ? J’en doute, mais le fait est qu’on ne s’attend pas à autant de traction avec des sandales de randonnée. On peut littéralement grimper aux murs là-dedans.
La semelle en Vibram Megagrip excelle partout, dans l'eau et hors de l'eau. Sur d’autres chaussures que j'ai eu en Megagrip, j’ai noté une usure rapide de la semelle extérieure mais pas sur ces sandales. J’imagine que ça tient à la délicatesse des pas que l’on a en marchant en sandales.
Paradoxalement, dans des moments très humides, avec le pied un peu glissant, la semelle un peu grasse… On peut avoir tendance à glisser à l'intérieur de la sandale. Ce qui peut, en montée ou en descente, être assez désagréable si l'on vient se heurter sur les sangles en permanence.
La durabilité est vraiment LA chose qui me laisse sans voix quand je parle de mes Bedrock. Ce sont des sandales que l’on devrait pouvoir ressemeler tant elles sont solides. Pas même une chaussure d’alpinisme ne m’a donné une aussi grande impression de solidité. 2000 km et pas une égratignure au niveau des sangles. Les coutures sont toutes comme au premier jour. Les scratchs scratchent et le nylon ne montre pas d’usure.
La semelle extérieure a perdu un peu de son mordant et s’est un peu limée mais raisonnablement. C’est finalement la semelle intérieure qui marque la retraite de cette paire. Par retraire, j’entend que je ne repartirais pas avec sur des randos de centaines de kilomètres bien qu’elles restent tout à fait portables pour des activités plus chill.
J’ai des os très proéminents sous les pieds et les semelles se sont creusées en certains endroits ne laissant que très peu d'épaisseur entre le sol et le pied. Résultat : des douleurs arrivent assez vite sur ces points.
Je pense que je les ai aussi un peu creusé à des moments où j’ai porté un sac particulièrement lourd. Bien que je sois un ultralighteur accompli, ces sandales ont connues des sacs de plus de 23 kg.
Dans tous les cas, je me dis que je ne peux pas vraiment leur en vouloir. Elles m’auront duré sur le sentier entre le double et le triple de ce qu'auraient tenu des trail runners ultra légers de chez Altra, Hoka ou Raidlight et pour un prix plus attractif.
Peut-on imaginer des sandales plus légères ?
Oui, en changeant le matériau de la semelle.
Est-ce que c’est intéressant ? Sûrement pas.
Quand on parle de réduction du poids, on en arrive toujours à se demander où s'arrêter. On pourrait marcher pieds nus après tout…
L'intérêt de ces sandales est de se rapprocher au maximum de la nature, de sa propre foulée, de son propre pas. Mais on n’a pas envie de faire trop de compromis sur le confort non plus.
A 240 g la sandale, les Cairn PRO II sont plus que raisonnables en termes de poids quand on comprend qu’elles ne sont pas des sandales de camp mais bien des chaussures de randonnée.
En résumé, ces sandales sont selon moi un excellent compromis entre la légèreté et la fonctionnalité. On ne parle pas d’ultra minimalisme mais d’un équipement sérieux qui permet d’aborder sereinement la plupart des obstacles.
Marcher en sandales est une expérience sensationnelle. Ce n’est pas quelque chose qui parlera à tout le monde mais à ceux qui arriveront à garder un coin de leur esprit pour jouer avec le terrain, trouver les angles d’approches, la pose de pied parfaite et ce sans même y penser.
Compte tenu du fait qu’elles sont assemblées aux États-Unis et de leur tenue dans le temps, le prix est tout à fait raisonnable. Est-ce que je recommanderais ces sandales à mon frère ? Oui !!! En vrai, j’ai même échangé mes sandales contre ses chaussures de marche quand il avait mal aux pieds en rando avec nous en Espagne et depuis …. Il est converti. Comme pas mal d'autres de nos potes d'ailleurs !
Nous n’avons pas de partenariat d’affiliation avec Bedrock Sandals, d’ailleurs, ils n’en ont pas. Nous ne touchons pas de commissions et ne gagnons rien à rédiger ce test. Bedrock Sandals nous a offert ces sandales pour soutenir notre voyage et nous ne rédigeons cette review que parce que nous adorons leurs produits.
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