LE PAYS DES CANYONS
Nous avons traversé le Monténégro dans le cadre d’un plus long voyage : une marche à travers l’Europe via 16 pays. Entre 2018 et 2020, nous avons marché 10000 km du Portugal jusqu’en Turquie pendant deux ans. C’est le projet Deux Pas Vers l’Autre. Découvrez l’ensemble du projet ici.
Un verre de rakija, du fromage, de la viande séchée, et des fruits du jardin, c’est ce que la plupart des Monténégrins poseront sur leur table à votre approche. C’est en tout cas comme cela que nous avons été accueillis presque systématiquement.
Sur les hauts plateaux du nord du pays, nous avons vu l’hiver laisser progressivement place au printemps et la vie reprendre ses droits.
Notre route a été rythmée par les nombreux canyons qui serpentent entre les montagnes. Nous avons traversé la frontière avec l’Albanie, une dernière section montagneuse exigeante nous a mis à l’épreuve avant de ranger les crampons pour de bon.

Infos clés de notre randonnée au Monténégro
- Pays : Monténégro
- Type d’itinéraire : Ligne droite
- Difficulté : Intermédiaire
- Langue : Serbo-croate
- Période : Printemps - Mars/avril
- Durée : 1 mois
- Distance : 350 km
- Point de départ : Šćepan Polje, frontière bosnienne
- Point d’arrivée : Parc national de Prokletije, frontière albanaise
- Dénivelé positif : 13 840 m
- Dénivelé négatif : 12 150 m
- Equipement : la liste de notre matériel
- Trace GPX : Découvrir l’itinéraire et télécharger la trace GPX
Trace GPX : Du canyon de Tara aux montagnes Accurses
Randonnée et aventure au Monténégro
Sentier de longue distance : Via Dinarica
Au Monténégro, nous avons suivi en pointillés sur certaines sections la Via Dinarica. Cet itinéraire connecte cinq pays. Slovénie, Croatie, Bosnie, Monténégro et Albanie. Au total, plus de 1 260 kilomètres et 52 000 mètres de dénivelé positif.
Etat des sentiers et culture de la marche au Monténégro
Au Monténégro, comme globalement dans tout le reste de l’ex-Yougoslavie, la cartographie n’est pas très au point. La culture de la marche n’étant pas très développée, il n’y a pas beaucoup de moyens consacrés à l’entretien des sentiers et la création de documentation. En dehors des parcs nationaux et des grands itinéraires, nous avons parfois eu du mal à tracer une route sympa et fiable.

Notre expérience du bivouac au Monténégro
Nous avons très souvent campé au Monténégro, sans jamais avoir aucun problème. Nous avons même parfois monté la tente à proximité d’habitations et dans ces cas-là, loin d’être dérangés, les gens avaient plutôt tendance à venir nous voir et à nous offrir un coup à boire !

Territoires et nature au Monténégro
Le parc national du Durmitor
Sans doute le plus connu des cinq parcs nationaux du Monténégro, le Durmitor accueille sur ses hauts plateaux nos premiers pas dans le pays. Son nom signifie «endormi» et fait référence à une légende folklorique selon laquelle la montagne pourrait se réveiller…
Concentré de nature, le parc mêle hauts sommets, profonds canyons et plateaux sublimes.
Nous avons passé nos quatre premiers jours au Monténégro en pleine nature et quasiment seuls, entre les canyons et les hauts plateaux du parc national du Durmitor. Le quatrième jour, nous avons atteint le village de Mala Crna Gora (Crna Gora, c’est ainsi que les Monténégrins appellent leur pays, littéralement montagne noire. Mala Crna Gora veut dire petite montagne noire).
Situé à 1800m d’altitude, il est considéré comme le village le plus haut des Balkans. Nous savions, pour l’avoir empruntée à pied, que la seule route menant au village était couverte de neige et totalement inaccessible aux voitures.
Nous étions sûrs de ne trouver personne là-haut, mais espérions pouvoir passer la nuit dans une grange. En arrivant, une petite maison jaune nous a sauté aux yeux, déjà parce qu’elle était jaune puis parce qu’une fenêtre était ouverte.
Marie a poussé son plus beau “Dober daaaaaan” (Bonjouuuuuur). Milan est sorti de chez lui, nous avons échangé quelques mots et quelques gestes et il nous a invité à passer la nuit chez lui. Il nous a préparé une chambre, mis trois bûches dans le poêle, sorti une bouteille de rakija, du pain, du fromage, de la viande séchée sur la table, le tout fait maison, Milan nous a traité comme des rois, ou comme des amis plutôt, c’est encore mieux.
Le canyon de Tara
On lit beaucoup que le mieux pour découvrir le canyon de Tara, c’est le rafting. Mais en cherchant un peu, nous avions repéré sur les vieilles cartes de Yougoslavie un sentier serpentant au fond du canyon et remontant plus loin sur le plateau.
Au bout du canyon cependant, le sentier s’arrête. Pas moyen de remonter de ce côté-là. Par chance, le spectacle d’incroyables chutes d’eau compense notre mauvais choix d’itinéraire.

Le canyon de Mrtvica
Mrtvica est notre plus belle découverte au Monténégro. Nous n’avons croisé personne pendant deux jours. Depuis le sentier creusé dans la roche, nous avons profité du canyon sans doute au meilleur moment : quand la fonte des neiges alimente abondamment en eau la rivière et les cascades.
C’est incompréhensible (et très heureux) que les activités touristiques ne se soient pas encore emparées de cet endroit.

Prokletije
Le Monténégro aurait pu être le premier pays dans lequel nous n’aurions pas eu d’invités mais c’était sans compter sur Morgane qui nous a rejoint pour une semaine à cheval entre le Monténégro et l’Albanie !
Depuis 2 ans qu’elle vit à Singapour, nous n’avions pas eu l’occasion de la voir et nous pensions impossible qu’elle nous rejoigne sur la route, mais impossible ne fait pas partie de son vocabulaire ! Morgane nous accompagne dans notre traversée du parc national de Prokletije.
Classé en 2009, Prokletije est le plus récent parc national du pays. Les pics acérés de ces jeunes montagnes nous rappellent les Alpes que nous avons quittées depuis déjà six mois. Au moment où nous y étions, il y avait encore pas mal de neige sur les sommets de la frontière albanaise. Certainement la dernière que nous verrons avant longtemps.

Environnement
Nous avons été étonnés d’apprendre que le Monténégro avait été le premier pays du monde à inscrire la protection de l'environnement dans sa constitution en 1992.
Honnêtement, ça ne saute pas yeux…
L’arrivée du printemps a aussi eu pour effet de faire apparaître tout un tas de choses que nous avions moins eu l’occasion de voir en Bosnie sous toute cette neige, des ordures en pagaille.
D’après la nature des ordures, elles ne sont pas laissées par les touristes mais bien par les habitants : déchets agricoles et domestiques allant des bâches en plastique aux machines à laver…
En discutant avec des Monténégrins on a compris que le problème était double : d’une part l’éducation, pour encore beaucoup (trop) de gens, jeter ses ordures dans la nature ou par la fenêtre de sa voiture est quelque chose de normal ; et d’autre part le système de traitement des déchets en lui-même.
Le tri n’est pas instauré, le recyclage quasi inexistant et pour certains déchets spécifiques comme les déchets pharmaceutiques et médicaux, il n’existe aucune solution non plus.
Les déchets médicaux sont souvent exportés faute de solution localement et les déchets pharmaceutiques finissent en général dans les toilettes… (source : Courrier des Balkans, https://www.courrierdesbalkans.fr/Dechets-medicaux).
Comment convaincre les gens de prendre soin de leur ordures quand ils savent qu’elles ne seront pas traitées correctement ?
Dans le cadre de la procédure d’adhésion à l’UE du Monténégro, le sujet de l’environnement est considéré comme totalement incompatible avec les acquis communautaires et est actuellement le principal point bloquant devant la corruption, le crime organisé et la situation des minorités ethniques.
Le sujet est tellement brûlant que la première chaîne de télé publique, nous a interviewés à propos de notre initiative 1KG FOR THE PLANET !

Rencontre avec les Monténégrins
Bien accueillir les voyageurs venus découvrir leur pays, semble faire partie de l’ADN des Monténégrins. Partout dans les villages nous avons trouvé des portes ouvertes et des gens curieux de l’autre. Jusqu’à présent, il n’y avait qu’au Portugal que nous avions rencontré une telle chaleur humaine !
Nos rencontres les plus marquantes
Milan dans le village de Crna Gora qui nous invite chez lui.
Igor qui vient nous sauver d’un gros orage et nous ramène dans son auberge où nous prenons nos meilleurs repas de toute la traversée du Monénégro.
Les trois frères Duic et leur mère qui, nous voyant monter la tente, nous invitent dans leur ferme, nous préparent un repas de rois et nous saoulent à coup de rakija.
Culture du Monténégro
Bien souvent, la langue était un frein à notre communication. Dans les campagnes, très peu de gens parlent anglais, quand ils parlent une seconde langue, c’est plutôt le russe. Notre maîtrise du monténégrin, ou serbo-croate, ne nous permet que des discussions très basiques.
Officiellement, le serbo-croate n’existe plus pour décrire la langue parlée au Monténégro, en Croatie, en Serbie et en Bosnie-Herzégovine. Depuis l’éclatement de la Yougoslavie, chaque pays nomme sa langue serbe, croate, monténégrin ou bosniaque.
Après avoir longuement essayé de démêler la situation tortueuse de la Bosnie, on s’attendait à retrouver un peu de simplicité au Monténégro.
En vérité, c’était un peu moins complexe mais pas d’une clarté incroyable non plus. La plupart des Monténégrins que nous avons rencontré se considèrent comme étant Serbes et c’est aussi le nom qu’ils donnent à la langue qu’ils parlent.
Historiquement, et notamment dans l’histoire très récente, le Monténégro et la Serbie sont des pays amis. Pendant les guerres de Yougoslavie, après que la Slovénie, la Croatie, la Bosnie et la Macédoine aient obtenu leur indépendance, les deux pays sont restés unis encore quelques années en formant la Communauté d'États de Serbie-et-Monténégro (incluant le Kosovo).
Actuellement, lors des recensements, le pourcentage des Serbes varie de 32 à 63,5 % et celui des Monténégrins de 21,5 % à 43 % selon les sondages (les mêmes personnes pouvant se déclarer l'un ou l'autre d'un sondage à l'autre). Cela montre à quel point la différenciation est psychologique et politique plutôt que linguistique ou culturelle.
Est-ce qu’on marcherait 500 km de plus ici ?
Oui, sans aucune hésitation !
Nous avons décidé de modifier notre itinéraire pour traverser le nord de l’Albanie qui nous semblait incontournable. Entre les différents témoignages de voyageurs qui expliquent que l’Albanie a souvent été la plus belle surprise de leur voyage et les habitants des Balkans qui nous ont souvent mis en garde contre l’insécurité là-bas, qu’allons-nous découvrir ?
Anecdotes sur notre randonnée au Monténégro
Dirty fact
Les monceaux d’ordures dans certains des plus beaux endroits qu’on ait jamais vus.
Wild fact
Notre première rencontre avec le serpent le plus dangereux d’Europe : la vipère cornue.
Food fact
La viande de mouton séchée avec le cuir et les poils, c’est spécial…
Préparation et organisation pour randonner au Monténégro
Quand y aller ?
Nous y étions juste au début du printemps et il y avait encore beaucoup de neige. Dans les montagnes, les bergeries étaient vides et certains villages aussi. Cela a son charme mais la vie est sans doute plus simple en venant un tout petit peu plus tard, à partir du mois de mai. Tout l’été est sans aucun doute très sympa et l’hiver, pour ceux qui aiment, doit être incroyable.
Où dormir ?
Nous avons essentiellement dormi sous la tente ou invités chez l’habitant. A la période où on y était, aucun souci pour camper n’importe où.
Quel matériel ?
Pour cette traversée du Monténégro en randonnée en hiver, nous sommes partis avec des vêtements d’hiver, du matériel de randonnée et de bivouac et le minimum d’équipement de sécurité en montagne.
Retrouvez ici la liste détaillée de notre matériel, article par article.
Le bivouac est-il autorisé au Monténégro ?
Comme dans la plupart des pays de la région, le camping sauvage est interdit au Monténégro. De notre expérience, hors saison il n’y a aucun problème.
Y a-t-il des espaces protégés
L’itinéraire de notre randonnée au Monténégo passe par plusieurs zones protégées :
- Parc national du Durmitor
- Parc national de Biogradska Gora
- Parc national de Prokletije
Les chiens sont-ils autorisés ?
Cette traversée du Monténégro en randonnée peut être “légalement” réalisée avec un chien. En hiver, ça risque quand même d’être très compliqué.