Nous avons traversé le Portugal dans le cadre d’un plus long voyage : une marche à travers l’Europe via 16 pays. Entre 2018 et 2020, nous avons marché 10000 km du Portugal jusqu’en Turquie pendant deux ans. C’est le projet Deux Pas Vers l’Autre. Découvrez l’ensemble du projet ici.
750 kilomètres séparent nos premiers pas au pied du phare du Cap Saint-Vincent de la frontière espagnole.
3 régions traversées, 7 parcs naturels, des dizaines de pastéis de nata avalées, environ 40 kilos de déchets collectés, 2 invités accueillis…
Des falaises de l’Algarve et de l’Alentejo, jusqu’aux montagnes de la Serra da Estrela, en passant par l’arrière-pays de la région Centre, l’itinéraire de notre traversée du Portugal en randonnée nous a emmené d’un bout à l’autre de la diversité du pays.
Au-delà des chiffres, nous avons vécu notre voyage à pied au Portugal comme une expérience intense, immergés dans un pays magnifique, dont nous avons traversé essentiellement les zones rurales, un pays au climat parfois rude mais dont les habitants se sont toujours montrés accueillants.
On a passé les deux premières semaines de notre traversée du Portugal sur les sentiers de la Rota Vicentina. Ce sentier de randonnée dans le sud-ouest du Portugal fait partie du GR11 portugais.
L’association qui a créé le sentier existe depuis 2013.
Elle s’est donné une double mission : protéger les ressources naturelles de cette région tout en faisant la promotion du tourisme de nature de la côte Alentéjane et Vicentine.
Via la création et l’entretien de sentiers de randonnée le long de la côte et dans les terres, l’association entend attirer un tourisme responsable et respectueux de l’environnement.
Les sentiers de la Rota Vicentina serpentent dans les régions de l’Algarve et de l’Alentejo.
En-dehors des sentiers de la Rota Vicentina où les sentiers sont impeccablement entretenus, on a vite compris que le Portugal n’était pas un pays de marcheurs.
Tout cela est en train de changer doucement, notamment grâce au travail d’associations comme la Rota Vicentina, le Sentier des Villages de Schiste ou la Via Algarviana mais pour le moment, quand on traverse le Portugal en randonnée, on se retrouve régulièrement à marcher au bord de la route.
Les cartes open source nous ont permis d’identifier des itinéraires mais on a eu pas mal de mauvaises surprises. Des sentiers qui étaient en fait des pistes agricoles et donc pas très sauvages ou alors de vrais sentiers mais totalement envahis par les ronces.
Le bivouac est interdit dans tous les espaces protégés au Portugal. Il est donc interdit sur la grande majorité du tracé de la Rota Vicentina.
Pendant notre traversée de cette section, nous avons été soit invités dans des hébergements partenaires de la Rota Vicentina, soit invités chez des Portugais rencontrés en chemin.
Sur le reste de l’itinéraire, nous avons essentiellement campé. Nous étions au Portugal totalement hors saison touristique, ça nous a vachement facilité la vie côté bivouac, puisqu’il y avait peu de gens dehors et qu’on ne gênait donc personne.
Notre traversée du Portugal en randonnée a commencé à Sagres, la pointe à l’extrême sud-ouest du pays et donc de l’Europe. Sur la côte, la nature est préservée et sauvage.
Le vent qui souffle presque en permanence ne rend pas cette section très hospitalière pour le développement d’un tourisme de masse.
Tant mieux.
Il parait qu’en été, il y a quand même beaucoup de monde et des vans de surfeurs partout. Mais au mois de février, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on était tranquilles. Sur toute cette section côtière, on marche les pieds dans le sable. Il paraît que ça fait les fesses.
Plus au nord, c’est la région Alentejo qui commence.
C’est une très grande région, elle couvre presque un tiers du pays. Depuis la côte Vicentine, la région s’étend à l’est jusqu’à la frontière espagnole.
L’Alentejo est connu pour être solidement ancré dans les traditions portugaises. Dans les petits villages de pêcheurs, le temps semble s’être arrêté. Dans les monte de l’arrière-pays aussi d’ailleurs. Plus petits que des villages, les monte sont ces hameaux, souvent organisés autour d’une colline où des ressources, comme le four à pain, sont mises en commun entre toutes les maisons de la colline.
En rentrant dans les terres, on a eu plus de mal à trouver des sentiers agréables. C’était moins sauvage que la côte et le tourisme vert est moins développé.
C’est une région assez agricoles et ça se voit. Les moments les plus sympas étaient finalement nos passages dans les villages où on trouvait toujours quelqu’un qui avait envie de discuter.
Nous ne sommes pas passés à Lisbonne. On n’a pas beaucoup d’intérêt pour les grandes villes et y arriver à pied en traversant toute la zone périphérique ne nous tentait pas du tout.
Mais dans la région de Lisbonne, il y a quand même deux ou trois trucs à ne pas rater. Cette zone est pleine de lagunes d’eaux saumâtres et d'estuaires riches en vie sauvage.
Les trois à retenir pour nous sont la réserve naturelle des lagunes de Santo André et de Sancha, la réserve naturelle de l’estuaire du Sado et la réserve naturelle de l'estuaire du Tage.
Un peu avant la frontière espagnole, on a voulu faire l’ascension du plus haut sommet du Portugal continental : la Serra da Estrela.
Comme je le disais plus haut, on n'avait pas embarqué de matériel de montagne mais le point culminant se trouve à 1 993 mètres, on y allait donc plutôt sereinement. Finalement, une fois au pied des montagnes, une tempête de neige s’est déclarée et on a pris la décision qui s’imposait à nous : renoncer à l’ascension.
On était sous la pluie depuis deux semaines et les prévisions n'annonçaient pas de changement dans les prochains jours, on a donc continué notre route vers l’Espagne plutôt que d’attendre sur place un créneau plus sympa pour monter.
En février, nous étions sur la côte vicentine juste au bon moment pour assister au retour des cigognes blanches qui nidifient ici. Il n’y a d’ailleurs qu’ici que l’on peut observer des cigognes faire leur nid sur des falaises maritimes.
Dans le genre moins sympa, on a aussi rencontré quelques colonies de chenilles processionnaires du pin. On a vu des forêts entières dévorées et anéanties par ces petites bêtes.
Nil s’est même méchamment fait piquer à la cheville. Il s’est gratté pendant des semaines.
Avec une dizaine de volontaires de la Rota Vicentina, on a lancé une grande opération de nettoyage d’une plage.
Emballages plastiques alimentaires, filets de pêche, polystyrène de planches de surf, on a trouvé de tout. En quelques heures, des dizaines voire des centaines de kilos d’ordures collectés qu’il a ensuite fallu remonter en haut de la falaise par un petit sentier sinueux.
Que ce soit sur les plages, le long des sentiers dans la campagne ou au bord des routes, nous ne nous attendions pas à trouver autant de déchets.
Notre programme 1KG FOR THE PLANET a pris tout son sens. Même si c’était peut-être pour une courte durée, on a eu l’impression de faire une vraie différence sur notre passage, rendant ces sentiers plus accueillants pour la vie sauvage et pour les prochains marcheurs.
Il parait qu’en regardant dans les poubelles de quelqu’un on peut en apprendre beaucoup sur lui. On peut vous dire que les Portugais ont une passion pour les yaourts à boire !
Dès que l’on entre dans les terres, plus loin de la côte, là où le vent s'essouffle, on sent tout de suite l’odeur des arbres.
Pas n’importe lesquels : les eucalyptus. Ils ne sont pas d’ici mais ils recouvrent presque 10% du territoire (source : Institut pour la conservation de la nature et des forêts - ICNF). La pâte à papier qu’il sert à produire représente près de 5% des exportations du pays. Très rentable, l’eucalyptus est surtout un désastre environnemental.
Très gourmand en eau, il va la chercher très profondément et assèche les terres. Son écorce, ses feuilles et surtout son huile sont hautement inflammables. L’été, pendant les mois de sécheresse, les incendies sont quasiment inévitables.
Nous avons traversé ces terres dévastées de la région Centro. Les forêts calcinées dans la brume du mois de mars… On garde un souvenir assez lugubre de cette section.
Ce qu’on a découvert avec plaisir, ce sont les antiques, mythiques et typiques chênes-liège du Portugal. Ces drôles d’arbres ont l’air de vieux sages qui veillent sur les collines alentéjanes.
Le Portugal est le premier producteur mondial de liège. Le chêne-liège est protégé par une loi très ancienne au Portugal, impossible d’abattre un arbre sans une autorisation expresse. Parmi ses nombreuses vertus, il forme une excellente barrière contre le feu.
Le peuple portugais nous a fait forte impression ! Nous avons rencontré des gens accueillants, ouverts et curieux de l’autre. Est-ce que c’est parce qu’ils ont été de grands explorateurs ?
Ou parce qu’ils s’expatrient beaucoup ? Je ne sais pas. En tout cas, c’était le pays idéal pour commencer cette traversée de l’Europe à pied. Les rencontres ont été faciles et spontanées et on a été invités à dormir chez l’habitant bien plus souvent qu’on ne l’espérait.
Le but premier du projet Deux Pas Vers l’Autre a donc été facilement atteint au Portugal.
Les Portugais qu’on a rencontrés parlaient souvent plusieurs langues, au moins le français ou l’anglais en plus de leur langue maternelle. Avec les autres, on a dû apprendre vite tout ce qu’on pouvait de la langue, pour pouvoir aussi communiquer avec eux.
Sofia et sa mère Graciete qui nous ont accueillis chez elles comme de vieux amis !
La famille Rodrigues qui est venue nous récupérer sous la pluie pour nous ramener chez eux. On a finalement passé 3 jours chez eux !
Pedro qui a sauvé son village des flammes pendant un incendie et qui lutte maintenant pour que ça ne recommence jamais.
Au Portugal, on a eu un sérieux coup de cœur pour la cuisine.
On y a trouvé tout ce qu’on aime : de la variété, de bons produits de la terre et de la mer, de la gourmandise, du bon pain, des nouveautés, de la cuisine familiale comme chez mamie…
Et le top du top : trouver une boulangerie en fin de journée pour quelques pastéis de nata.
Dans les villages côtiers, on a découvert les percebes (pouce-pied en français), ce crustacé qui pousse à flanc de falaise et dont la pêche est super dangereuse.
Ils ressemblent à des doigts de sorcière mais sont très très bons.
Parmi nos souvenirs gustatifs les plus marquants, on citera le porc à l’alentéjane de Victor à Zambujeira do Mar, les sardines aux pommes de terre et aux oignons de Fernanda à Ramalheira et toutes les oranges qu'on nous a offert au bord de la route.
Oui !
On quitte le Portugal en sachant qu’on y reviendra, peut-être même pour y passer un bout de vie.
C’est un au revoir que nous faisons à ces paysages merveilleux, à cette langue que nous commencions tout juste à apprivoiser, à toutes ces familles qui sont maintenant un peu la nôtre et à ces petits plats qui nous manquent déjà.
L’Espagne nous attend et nous continuons à aller de l’avant, beaucoup d’autres belles surprises nous attendent sans aucun doute pendant cette traversée de l’Europe.
3 semaines consécutives de pluie dans un pays qui n’en avait pas vu depuis 2 ans.
En arrivant dans les petits villages, toutes les petites mamies venaient nous parler. On dirait que les Portugais ne connaissent pas la peur de l’autre.
Tous les jours on a vu des gens jeter leurs ordures par la fenêtre de leur voiture
On a vu une loutre dans une rivière. Les habitants du village nous ont confirmé qu’il y en avait mais la plupart ont vécu ici sans jamais en voir.
De septembre à juin, le cœur de l’hiver étant un peu risqué pour la section montagneuse (en connaissance de cause…)
Nous avons essentiellement dormi sous la tente ou invités chez l’habitant. A la période où on y était, aucun souci pour camper n’importe où.
Pour cette traversée du Portugal en randonnée, nous sommes partis avec des vêtements pour la mi-saison, du matériel de randonnée et de bivouac et sans équipement de montagne.
Retrouvez ici la liste détaillée de notre matériel, article par article.
Le camping sauvage est interdit tout le long de la Rota Vicentina, en tout cas sur le sentier des pêcheurs qui se trouve à 100% sur le territoire du Parc naturel du Sud-Ouest Alentejano et Costa Vicentina. Le sentier historique sort parfois de cette zone protégée où la réglementation est plus souple.
L’itinéraire de notre randonnée au Portugal passe par plusieurs zones protégées :
Cette traversée du Portugal en randonnée peut être réalisée avec un chien. Certaines zones exigent qu’ils soient tenus en laisse mais pas d’interdiction sur l’ensemble du parcours.
Dans la campagne portugaise, on voit énormément de chiens dans les jardins et les cours, souvent enchaînés voire enfermés. L’impression que nous avons eue est que ce sont plus des chiens de garde et de chasse que des animaux de compagnie. Ils aboient beaucoup et risquent d’exciter ou d'effrayer votre chien.
Nous avons traversé l'Espagne dans le cadre d’un plus long voyage : une marche à travers l’Europe via 16 pays. Entre 2018 et 2020, nous avons marché 10000 km du Portugal jusqu’en Turquie pendant deux ans. C’est le projet Deux Pas Vers l’Autre. Découvrez l’ensemble du projet ici.
Voyager à pied en sortant des sentiers battus, c’est une manière assez efficace de découvrir un pays.
En Espagne, nous avons parcouru des territoires rudes et merveilleux à la fois, traversé un hiver 2018 interminable, visité des villages isolés, parfois abandonnés, rencontré des gens austères, voire méfiants et d’autres qui nous ont ouvert leur porte et leur cœur en quelques minutes.
Nous avons partagé notre route avec 4 invités en Espagne, des amis de longue date et d’autres que nous avons rencontrés pour la première fois.